HUGO LIPPI
Dernière sortie
Deuxième album d'Hugo Lippi pour le label For Musicians Only et Caramba Records, « Olha Maria » est un dictionnaire amoureux de la guitare jazz. Un hommage tendre et miraculeux au son des années 1960/70, et à l'esprit du légendaire label CTI de Creed Taylor.
Lorsque Hugo Lippi se penche sur sa guitare, il se produit toujours quelque chose de magique, du ressort de l'intime, du souvenir d'enfance et d'un amour profond de la musique. Né à Portsmouth en Angleterre, juste en face de la célèbre île de Wight, Lippi a grandi au Havre à une époque où les paquebots faisaient encore rêver d'Amérique, et la musique se concevait autrement qu'une simple bande son : un acte tangible et rituel, une vraie tranche de vie. « Le disque qui passait dans lesalon était partagé par toute la famille. Chez mes parents, dans la même journée, on pouvait avoir les Nocturnes de Chopin, les Variations Goldberg et Led Zeppelin ». Un guitariste en herbe pouvait grandir avec « Bad Benson » et « The Incredible Jazz Guitar Of Wes Montgomery ».
En poussant la porte du 95 rue Championnet à Paris, derrière le rideau d'un magasin que l'on croirait abandonné, Hugo Lippi s'offre un formidable retour en arrière. Inauguré en 1966, le studio CBE fut le premier à s'équiper d'un magnétophone huit pistes en France. Antre de l'ingénieur du son Bernard Estardy dit « le Baron », les lieux gardent jalousement les secrets de celles et ceux quiont forgé sa légende : Nino Ferrer, Françoise Hardy, Johnny, Cloclo, Dalida, Joe Dassin, etc... Un panthéon de la chanson populaire. On dit que George Martin, le « cinquième Beatle », fut bluffé parla chambre d'écho aménagée face à la cour intérieure. Lorsqu'il pose les yeux sur les murs, la moquette, le canapé, la console et les vieux micros à ruban, Hugo Lippi trouve exactement ce qu'il est venu chercher : la vibration d'une époque. « Enregistrer ici, c'est comme voyager dans le temps. Très peu de choses ont été changées. Il y a une ambiance qui colle parfaitement à ce que l'on voulait défendre ».
Hugo Lippi est un jazzman du sérail, cultivé et follement talentueux. Il a ce style qui descend des plus grands, Wes Montgomery, Kenny Burrell et Jim Hall. Prix Django Reinhardt de l'Académie du Jazz – il n'est que le sixième guitariste décoré depuis 1954 – Hugo adore raconter ses débuts de jazzman, ces nuits épiques du Petit Opportun à Paris, les jams sessions qui tiraient jusqu'aux premières lueurs de l'aube et le train du matin qui le ramenait en Normandie. Il se souvient de Marcel Azzola (« chauffe, Marcel » !) qui le prit sous son aile, des séances avec Michel Legrand et d'une rencontre improbable avec David Lynch. On aime Hugo Lippi pour son humilité, son regard sensible, et ce son, parlons-en, qui aux gadgets et pédaliers d'effets préfère la vérité du doigt sur la corde, en vrai artisan. C'est pour cela qu'Hugo Lippi ne sonne que comme Hugo Lippi. Demandez-lui si un guitariste se bonifie avec le temps et il vous donnera une réponse... de violoniste ! « Grappelli disait qu'avec l'âge on ne progresse pas, on nettoie. Je commence à être plutôt d'accord avec lui ».
Disque d’esthète, « Olha Maria » est la suite de « Reflections in B » (2024) dans lequel Lippi arpentait en solo « La Ballade de Johnny Jane » de Gainsbourg et Birkin. Cette fois, il s’entoure d’une rythmique idéale : Gael Rakotondrabe, pianiste fabuleux, au toucher expert et à la sensibilité pop, vu avec Anohni, Ayo, Clara Ysé et beaucoup d’autres, un partenaire de choix pour mettre en scène les idées d’Hugo ; Laurent Vernerey , contrebassiste de Claude Nougaro, Jane Birkin, MC Solaar, Didier Lockwood , etc... et enfin Denis Benarrosh, docteur ès groove et grand admirateur du batteur Grady Tate, cheville ouvrière du label CTI. Avec eux, Hugo Lippi continue d'explorer sa bande son d'adolescence, de la magnétique « Babooshka » de Kate Bush au splendide « Little Sunflower » de Freddie Hubbard, un titre produit par Creed Taylor en 1973 avec Herbie Hancock et Milt Jackson. « CTI n'est pas un label qu'on peut situer géographiquement, comme on le ferait pour Blue Note, qu'on identifie toujours à New-York et à la côte est. Il y a quelque chose de très œcuménique dans l'approche de Creed Taylor. Je ne sais pas si c'est lié aux événements de 1968 ou à la guerre du Vietnam, mais il y avait une liberté formelle, de l'audace et aucun interdit. C'est ce que l'on retrouve aussi en Angleterre chez les Beatles ».
Saluons la direction artistique de Manou Pallueau, dont l'enjeu fut de conduire Hugo à « prendre la permission de jouer tout ce qu'il aime ». Au passage, le guitariste nous livre deux nouvelles compositions originales : « Alley Cats », hommage au swing joyeux des Poll Winners (Barney Kessel, Ray Brown et Shelly Manne), et « Spolète », jolie rêverie sous le soleil brûlant d'Italie, à laquelle ne manque que le chant des cigales. Ailleurs, on se love dans « l'Hymne à l'Amour » d'Edith Piaf avec le bugle délicieux de Stéphane Belmondo (« Steph a ça dans le sang, confie Hugo : avec lui, tu voyages dès les premières notes »), ou « Still Crazy After All These Years », bijoude Paul Simon redessiné avec grâce par Gael Rakotondrabe (« quand tu appelles Gael, tu appelles bien plus qu'un pianiste : il amène une couleur bien précise »). Enfin, « Up And At It » estune pure grooverie de Wes Montgomery rhabillée façon tube, comme un clin d’œil au « Sidewinder » de Lee Morgan. Un très bon numéro à deux guitares dans lequel Hugo Guezbar affiche « une musicalité que j'ai rarement vue » dixit Hugo Lippi, admiratif.
Au fond, « Olha Maria » (d'après la chanson de Chico Buarqe qu'Hugo a découvert via Lee Ritenour) est un cadeau offert aux esthètes du jazz, aux épicuriens du son ainsi qu'à tous les autres. Un disque guidé par le goût, jamais par la prétention. Un album, un vrai, soigneusement réalisé, parsemé de références à une époque où la musique s'imaginait et se faisait autrement, où un gamin pouvait apprendre la guitare en butinant dans la discothèque familiale et en regardant la télé, repiquant au vol des jingles de publicité ! « Les mélodies qui marchent, répond-t-il lorsqu'on lui demande sa définition d'une bonne chanson, sont celles que l'on peut jouer a cappella, sans aucun accompagnement harmonique ». Parmi celles qu'il aborde dans cet album, beaucoup sont de vraies madeleines, à l'image de cette « Étude N°2 Opus 8 » de Scriabin qu'il rumine depuis l'enfance. Mais « Olha Maria » n'est pas qu'une ballade nostalgique : le voir plutôt comme le portrait, à la croisée du jazz, de la folk, du classique et du Brésil, de l'un de nos meilleurs guitaristes, musicien rare (mais ce qui est rare est précieux) guidé par l'amour sincère de la musique et de la chanson. Un travelling en cinémascope, riche en couleurs, en swing et en inspiration.
David Koperhant
Retrouvez Hugo Lippi le 24/11/2025 au Studio FERBER pour deux showcases en avant première
Concerts
- 24 Novembre 2025 au Studio Ferber

Janvier 2026
Vinyle, CD, Digital
Dernière sortie
Deuxième album d’Hugo Lippi pour For Musicians Only et Caramba Records, Olha Maria est un hommage vibrant à la guitare jazz et au son des années 1960/70, inspiré par le légendaire label CTI de Creed Taylor. Né à Portsmouth et élevé au Havre, Lippi nourrit sa musique de souvenirs familiaux et d’un amour sincère du son analogique. Enregistré au mythique studio CBE de Paris, antre du « Baron » Bernard Estardy, l’album capture la chaleur et l’authenticité d’une époque révolue.
Guitariste raffiné, héritier de Wes Montgomery et Jim Hall, prix Django Reinhardt, Lippi joue avec une sincérité artisanale, sans artifices. Entouré de Gael Rakotondrabe (piano), Laurent Vernerey (contrebasse) et Denis Benarrosh (batterie), il revisite des classiques comme Babooshka de Kate Bush, Little Sunflower de Freddie Hubbard ou L’Hymne à l’Amour avec Stéphane Belmondo, et livre deux compositions originales : Alley Cats et Spolète.
Sous la direction artistique de Manou Pallueau, Olha Maria explore le jazz, la folk, le classique et le Brésil avec élégance. Guidé par le goût plutôt que la virtuosité, cet album est un voyage sensoriel et intemporel, témoignage d’un musicien rare qui joue « la vérité du doigt sur la corde ».

Janvier 2024
Vinyle, CD, digital
Disponible en format CD et vinyle le 26 janvier 2024.
Hugo Lippi dévoile sa version de « Land of hope and glory », comme un hommage à ses racines anglo-saxonnes. Lorsqu’on entend sa version de ce titre considéré en Angleterre comme le deuxième hymne national, on se dit qu‘Elgar a dû chuchoter à l'oreille d’Hugo tant sa version semble improvisée sur l'instant, tendue, d'une poésie absolue. On retrouve les qualités qui font d’Hugo Lippi un des guitaristes européens les plus demandés : un chant intérieur qu’on ne perd jamais et le besoin de se surprendre en permanence. Jazz News ne s’y est pas trompé en proposant : « Qu'on lui donne le Goncourt ».
- A child is born
- Choros n°1 / Bossa antigua
- Girl
- La ballade de Johnny Jane
- Be yourself
- Reflections in B
- But not for me
- Wuthering heights / Babooshka
- All the things you are
- Land of hope and glory